mercredi 20 mars 2013

Toshirô Mifune

Toshirô MifuneCe fils de missionnaires envoyés en Chine, pays dans lequel il est né et a grandit, a étudié la photographie avant de s'engager dans l'armée de l'air japonaise pendant la Seconde Guerre Mondiale. Démobilisé en septembre 1945, sans famille ni amis dans un pays, paradoxalement, étranger, il essaie de trouver un emploi de photographe à Tokyo ; mais a-t-on besoin d'images dans un pays dévasté et ruiné ? Il postule, sans succès, au poste, convoité par plusieurs centaines de candidats, d'assistant cameraman pour un studio de cinéma. En 1946, il participe à un entretien organisé par les studios Toho et destiné à recruter de nouveaux visages. Il est en compétition avec plus de quatre milles aspirants acteurs. Lui ne souhaite pas être comédien, il veut juste trouver un vrai travail. Son arrogance et son emportement face à des questions qui lui semblent stupides compromettent ses chances d'être retenu par le casting. Mais deux personnes présentes lui vaudront d'être à nouveau interviewé et finalement engagé avec soixante autres candidats masculins : Kajiro Yamamoto, l'un des directeurs des studios et Akira Kurosawa. Peu de temps après, il incarne Eijima, un voleur de banque, dans le premier (deuxième selon les sources) de ses plus de 150 films, Ginrei no hate de Senkichi Taniguchi, sur un scénario de Kurosawa. Deux films plus tard, Toshirô Mifune est une star. Il devient l'acteur de presque tous les films (seize sur dix-sept, seul Ikiru manque à l'appel) de Kurosawa entre 1948 et 1965, de Yoidore tenshi à Akahige.
Dès son rôle de Matsunaga, un jeune gangster dans Yoidore tenshi,
Mifune vole la vedette à son rival plus âgé et plus expérimenté Takashi Shimura (avec lequel il tournera, pourtant, plus de 50 films). Kurosawa est même obligé de reprendre le scénario pour donner plus d'étoffe et d'importance à son personnage. Et l'on s'apercevra rapidement qu'il sait tout jouer : l'héroïsme, la folie, la comédie, les policiers et les truands, les hommes d'affaires... dans le Japon médiéval ou contemporain, il est crédible et impose son jeu expressif et nerveux. Sans jamais le ménager, Kurosawa lui "taille un costume" sur mesure dans toutes les fresques cinématographiques qu'il réalise à cette époque. Mais c'est dans le rôle classique de Tateyaku du Kabuki qu'il est le plus convaincant, idéalisation du personnage du samouraï, doté d'une noblesse et d'une force aussi bien physique que morale.
Après sa collaboration avec Kurosawa (il avouera, plus tard, qu'il n'y a rien dont il soit fier en dehors d'elle) qui lui valurent les seules récompenses internationales significatives de sa carrière, deux "Coupe Volpi" du Festival de Venise en 1961 et 1965 pour Yojimbo et Akahige, il tourne au Japon plusieurs films d'action ou de guerre dans lesquels il n'est pas toujours tête d'affiche, dont l'intéressant Dai-bosatsu tôge de Kihachi Okamoto (1966) dans lequel il est un maître de l'art du sabre aux côtés de son cadet Tatsuya Nakadai qui, étrangement, remplacera, dans une certaine mesure, Mifune auprès de Kurosawa ou Jôi-uchi : Hairyô tsuma shimatsu de Masaki Kobayashi en 1967, avec le même Nakadai mais, cette fois, dans le rôle principal.
C'est John Frankenheimer
qui l'engage pour son premier film hors du Japon, Grand Prix, en 1966, pour lequel il apprend l'anglais. Il y est un directeur d'une écurie de voitures de course. Sa voix, présente pendant la première du film, sera, dans la copie commerciale, doublée comme dans tous les autres films américains dans lesquels il tournera. Il est le capitaine Tsuruhiko Kuroda, pilote japonais perdu sur une île déserte, affrontant un aviateur américain, (Lee Marvin), dans Hell in the Pacific de John Boorman. Il est cet étonnant samouraï, garde du corps de l'ambassadeur du Japon, dans le western européen Soleil rouge de Terence Young avec Charles Bronson, Ursula Andress et Alain Delon. Il devient ambassadeur aux côtés de David Niven, officier de la marine japonaise dans Midway et 1941 ou Shogun dans la série télévisée de dix épisodes du même nom. Mais celui qui a failli être Obi Wan Kenobi à la place d'Alec Guinness, qui s'est essayé à la réalisation dans un unique film, restera l'inoubliable Kikuchiyo de Shichinin no samurai et le plus grand acteur japonais du XXe siècle. AlHolg

mardi 19 mars 2013

Katharine Hepburn

L'enfant terrible Katharine Hepburn, celle qui n'a jamais cessé de n'en faire qu'à sa tête, est une des authentiques "légendes" d'Hollywood.
Actrice de théâtre, c'est George Cukor qui lui offre son premier rôle et devient son réalisateur privilégié (huit films sous sa direction). Spencer Tracy a été son partenaire préféré (onze films en commun). Engagée par la R.K.O. après son triomphe à Broadway dans une adaptation de "Lysistrata", elle fut celle qui incarna le mieux la femme qui, sans renier son charme, s'émancipe du joug masculin.
Sélectionnée douze fois pour les Oscars (seule Meryl Streep a fait mieux depuis 2002), elle en a remporté quatre : en 1933 pour son troisième film, le drame Morning Glory de Lowell Sherman
avec Douglas Fairbanks Jr., successivement en 1967 et 1968 pour Guess Who's Coming to Dinner de Stanley Kramer (avec Spencer Tracy et Sidney Poitier) et The Lion in Winter de Anthony Harvey avec Peter O'Toole et Anthony Hopkins, enfin en 1981 pour On Golden Pond de Mark Rydell avec les Fonda père et fille.
Sa filmographie est impressionnante, tant pour le nombre (près de 50) que par la qualité des films tournés (quasiment aucun n'est réellement faible) sans parler des partenaires rencontrés. Citons pour mémoire Bringing Up Baby (1938) d'Howard Hawks
(échec commercial à sa sortie, l'actrice fut affublée du label "box-office poison" ; le film est devenu un pur "joyau" classique), The Philadelphia Story (1940) de George Cukor qui a relancé sa carrière au cinéma et The African Queen (1951) de John Huston. A la fin des années 60, Katharine Hepburn réduisit ses activités pour le cinéma et tourna pour la télévision ("The Glass Menagerie" en 1971 ou "Love Among the Ruins" en 1975). A la fin de sa carrière, elle a su, mieux que quiconque, s'adapter sans se caricaturer. AlHolg

12 nominations aux "Oscars"
"Oscar" 1934 de la meilleure actrice pour Morning Glory
"Oscar" 1968 de la meilleure actrice pour Guess Who's Coming to Dinner
"Oscar" 1969 de la meilleure actrice pour The Lion in Winter
"Oscar" 1985 de la meilleure actrice pour On Golden Pond
5 nominations aux BAFTA
BAFTA 1969 de la meilleure actrice pour Guess Who's Coming to Dinner et The Lion in Winter
BAFTA 1983 de la meilleure actrice pour On Golden Pond
"Palme de la meilleure actrice" 1962 pour Long Day's Journey Into Night
5 nominations aux Emmy Awards
"Emmy Award" de la meilleure actrice pour Love Among the Ruins
8 nominations de 1953 à 1993 aux "Golden Globes"
"Médaille d'argent" (Mostra) 1934 de la meilleure actrice pour Little Women