samedi 26 janvier 2013

Peter Sellers

Peter Sellers
Richard Henry Sellers, prénommé Peter en souvenir de son frère aîné mort-né, est le fils de sa mère, trivial direz-vous, mais pas innocent, et l'enfant de la radiophonie. Comme beaucoup de ses confrères comiques, Peter Sellers ne se faisait pas rire dans la vie. On pourrait même dire, en citant son camarade Spike Milligan "qu'il était incapable de joie. Pour lui, la vie fut uniquement un terrible voyage." Enfant unique d'un couple d'acteurs de cabarets, héritier d'une longue tradition familiale (du côté maternel) de saltimbanques, il devient l'objet de toutes les attentions de sa mère Agnès, surnommée Peg, qui veut en faire la star de la famille. A deux jours, il est déjà sur la scène du King's Theatre. Très tôt, l'enfant au grands yeux noirs fait montre de talents d'imitation évidents. Seul enfant, entouré d'adultes, il paraît vite plus vieux que son âge. A l'école, sa maladresse et surtout ses crises soudaines de rages l'isole davantage. Couvé, il est capricieux et obsessionnel mais ne développe pas de personnalité propre. Ce qui l'intéresse, c'est d'être un autre ; ce qui lui donnera, au passage, les moyens d'atteindre notoriété et fortune. Il apprend la musique et joue du ukulélé et de la batterie. En 1943, grâce à Peg, il évite le front et rejoint une unité de divertissement de la RAF.
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En 1951, il crée, sur la BBC, le "Goon Show", ancêtre des Monthy Pythons. Aux côtés de ses deux acolytes, Harry Secombe et Spike Milligan, Sellers incarnent plusieurs personnages de saynètes absurdes et délirantes. Le show durera presque dix ans. Il s'essaie au cinéma mais le décalage entre son apparence et sa voix l'empêche dans un premier temps de connaître un succès comparable à celui obtenu à la radio. C'est grâce à The Ladykillers de Mackendrick, dans lequel il joue une petite frappe angoissée qu'il acquière une certaine légitimité cinématographique. A partir de là, Sellers va multiplier les rôles de composition et les mimiques, incarnant souvent plusieurs personnages dans un même film. Sa puérilité et sa monomanie triomphe à l'écran mais empoisonne la vie de ses proches. Passionné de voitures de luxe, il les multiplie, en prenant soin comme la prunelle de ses yeux. Un jour, son fils âgé de six ans barbouille innocemment de peinture la carrosserie de sa dernière acquisition. Sellers se dirige dans la chambre de l'enfant et piétine tous ses jouets.
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Au début des années 1960, l'acteur atteint la célébrité et la richesse. Cette situation va l'éloigner davantage de la réalité. "Il serait faux de penser que la célébrité lui ait fait perdre le contact avec la réalité. Il n'avait juste jamais eu de contact avec elle" précise son fils Michael. Son personnage complexe ne pouvait laisser indifférent Stanley Kubrick qui lui confie un petit mais intéressant rôle dans Lolita puis, deux ans plus tard, lui consacre son Dr. Folamour dans lequel Sellers interprète les trois personnages principaux. En 1963, il est appelé en dernière minute pour remplacer un autre Peter, Ustinov, dans le rôle de l'inspecteur Clouseau de La Panthère rose. Il éclipse son partenaire David Niven et pousse Blake Edwards à réaliser, dans la foulée, une suite, supprimant, au passage, le personnage de Sir Charles Lytton. S'il n'est pas son film le plus apprécié, La Panthère rose et Sellers connaissent un succès phénoménal et sont désormais indissociables dans l'esprit du public. En revanche, Billy Wilder ne parvient pas à travailler avec cet improvisateur intempestif qu'il pensait utiliser dans Embrasse-moi, idiot !Sellers refuse plusieurs propositions, dont celle de Satyajit RayThe Alien, projet abandonné par le réalisateur, où il devait être un extraterrestre se retrouvant au milieu d'un village indien. L'idée de départ sera reprise par Spielberg dans E.T.. Le seul film significatif de cette époque est The Party où il retrouve Blake Edwards.
Au début des années 1970, Sellers est moins demandé. Il participe toutefois à deux parodies, Quoi de neuf Pussycat ? et Casino Royale. Fâché avec Blake Edwards, il accepte néanmoins de donner trois suites aux deux premiers volets de la série. Obsédé par l'ouvrage de Jerzy Losinski, "Being There", il convainc un producteur de financer son adaptation. Il y tiendra le rôle principal, probablement celui qui lui ressemble le plus. AlHolg

Biographie de référence : "The Life and Death of Peter Sellers" de Roger Lewis (Applause Books - 1997) dont Stephen Hopkins a tiré un film, sorti cette semaine sur les écrans français.

samedi 19 janvier 2013

The Marx Brothers


The Marx Brothers

Les frères Marx (par ordre de naissance : Chico-Leonard, Harpo-Adolphe puis Arthur, Groucho-Julius et parfois Zeppo-Herbert) ne sont pas seulement les acteurs que nous connaissons, ils sont, comme Laurel et Hardy, les véritables auteurs de leurs films signés par d'autres. Ils ont donné leur "cachet" et leur rythme à ces comédies qui restent, pour la plupart, inoubliables. Groucho, identifiable autant à ses lunettes, à son cigare qu'à ses bons mots et à son agressivité, Chico, pianiste au chapeau pointu et au tempérament froid et Harpo, harpiste muet et lunaire, obsédé par les femmes ont, en effet, de film en film, marqué d'une empreinte forte le cinéma comique du siècle dernier et le cinéma tout court, à l'égal d'un Buster Keaton ou d'un Charlie Chaplin.

Buster Keaton

Buster Keaton
La carrière de Buster Keaton a connu cinq périodes successives :
Né en 1895, il a débuté au music-hall puis fait ses premiers pas au cinéma en 1917 dans la troupe de Fatty Arbuckle. Mais c'est en 1919 qu'il prend un réelle dimension grâce à une série de courts-métrages produits par Joseph Schenck parmi lesquels on peut citer La Maison démontable (One Week - 1920) ou Frigo déménageur (Cops - 1922).
La deuxième époque, la plus intéressante et créatrice, est marquée par des longs-métrages qu'il coproduit et réalise. Les titres majeurs de cette période sont The Three Ages (parodie du film de D.W. Griffith Intolérance) et plus encore le splendide Our Hospitality, les archétypes de la mécanique keatonienne The Navigator ou The General ou les poétiques Sherlock Junior ou Seven Chances.
A partir de The Cameraman, qui reste un grand film de Buster Keaton, il tourne des long-métrages pour la M.G.M. mais perd le contrôle de ses films. De cette période, seuls les films réalisés par Sedgwick restent fidèles au comique si intelligent et percutant de l'acteur, notamment Spite Marriage ou Free and Easy.
La dernière époque est, hélas, une longue dérive vers l'absence ; elle débute par les courts-métrages de Charles Lamont , puis ceux tournés, entre 1939 et 1941, pour Columbia, enfin l'errance dans des rôles secondaires, voire dérisoires. Le chant du cygne sera peut-être son apparition dans le Limelight de Chaplin.

Au moment où l'on évoque, avec raison, le formidable homme de cinéma et de spectacle qu'était Charles Chaplin et où l'on consacre intérêt et moyens à revitaliser son oeuvre, on peut raisonnablement regretter qu'un artiste aussi novateur, aussi riche que Buster Keaton ne soit pas, également, célébré pour la contribution inestimable qu'il a apportée au septième art. AlHolg