Jacques Brel

Lorsqu'il naît à Bruxelles en 1929, Jacques Romain Georges Brel entame déjà, sans le savoir encore, sa carrière de compositeur-interprète et de comédien. Parce qu'il est un petit garçon hypersensible dans un monde d'adultes qui semblaient un peu trop l'ignorer, nous apprendrons, en effet, beaucoup de cette jeunesse dans ses chansons et dans l'humanité de son jeu d'acteur. Tout le monde connaît la carrière ou, au moins, les chansons de cet immense personnage de scène qui n'a pas été remplacé. Nous nous intéresserons à sa courte trajectoire de onze films (dont il signe, pour la plupart, la bande originale) en dix-sept ans.
Après un court-métrage (10 mn) belge dont il co-signe le scénario et joue le rôle titre, La Grande peur de Monsieur Clément, en 1956, sa première grande interprétation, onze ans plus tard, est celle du professeur Jean Doucet accusé à tort du viol d'une de ses élèves dans Les Risques du métier d'Andre Cayatte. Jacques Brel y est bouleversant de vérité dans ce rôle de faux coupable et de vraie victime inspiré d'un fait réel.
Edouard Molinaro lui confie celui de Benjamin Rathery dans sa comédie en costumes Mon oncle Benjamin en 1969. L'acteur incarne un médecin des pauvres, à la fois paillard et raffiné (paradoxe) qui prône le libertinage révolutionnaire, s'oppose à l'aristocratie humiliante et succombe aux charmes de Manette/Claude Jade. La même année, il est Raymond La Science aux côtés de Bruno Cremer/Jules Bonnot, Jean-Pierre Kalfon et Annie Girardot dans le film de Philippe Fourastié, La Bande à Bonnot.

Marcel Carné en fait l'une de ses têtes d'affiche dans Les Assassins de l'ordre dans lequel il est un juge qui mène une enquête difficile et vaine sur le meurtre d'un suspect par trois policiers. Moins connus, les franco-belges Mont-Dragon, Franz, ce dernier réalisé par Brel et mettant en scène la chanteuse Barbara et Le Bar de la fourche. Puis c'est L'Aventure, c'est l'aventure de Claude Lelouch en 1972, avec Lino Ventura et Charles Denner (avec un autre chanteur : Johnny Hallyday dans son propre rôle). Après une seconde tentative de réalisation avec Far West, Jacques Brel retrouve Molinaro et Lino Ventura pour son dernier film, L'Emmerdeur où il est un François Pignon suicidaire et exaspérant pour le tueur à gages Ralf Milan.

Le premier long métrage dans lequel joue Jacques Brel est la fantaisie musicale "Les Souris mènent la danse" (1956) de Roland Perault avec le journaliste Jacques Collard et les acteurs Jacques Danois, Paule Jehan, Roger Midrolet, Line Ricard et Catherine Bady. Aucune copie du film ne semble avoir été conservée.